LA TELE DE PAPA

 La télé de papa !! .Pour les plus de 50 ans !!. Ceux que leurs parents obligeaient à aller se coucher au milieu de l'émission, parce qu'ils avaient 10 ans et école le lendemain. La France de leur enfance était en noir et blanc. Les gens avaient de drôles de têtes d'hommes de Neandertal.

Parmi les reportages, Pierre Desgraupes à Landerneau interviewant Edouard Leclerc. Je me souviens de mon père allant faire, le samedi, les courses au premier Leclerc de la banlieue est, à Rosny.Brandissait le ticket de caisse sous les yeux ennuyés de ma mère, lasse, qui ne comprenait pas le plaisir qu'on pouvait avoir à faire des économies alors que celui de faire des dépenses lui paraissait évident. Leclerc, apôtre des prix bas avec une verve hallucinée d'ancien séminariste. Rencontre avec la très jolie Mme Leclerc, pendant le déjeuner des enfants, parmi lesquels on reconnaît le malicieux Michel-Edouard.

Igor Barrère de "Cinq colonnes à la une" avec des émissions médicales du tonnerre!, claude Santelli animait les soirées dramatiques ( les Perses en 1963 !) , Janic Aimée et son solex !, Belphégor, "les "compagnons de Jehu", les "aventures du  capitaine Troy", " Rusty et Rintintin", l'eurovision le dimanche, "Gaspard des montagnes " : C'était les années  1963-65 !. c 'était l'époque du "théatre ce soir", des 5 dernières minutes, mais c'est bien sûr !!, sacré inspecteur Bourrel !

Le premier radar a été créé à « Cinq colonnes à la une ». Les journalistes installent une caméra au bord d'une route où il y a une ligne jaune et y font rouler un tracteur à vitesse d'escargot. Qu'évidemment toutes les voitures doublent. Je me souviens de l'angoisse de mon père, et donc de la mienne, chaque fois qu'il fallait effectuer un dépassement. Ce doit être pour ça qu'on mettait deux jours à gagner Plestin-les-Grèves, chaque été.

Les bidonvilles de Gennevilliers, vues desquels les cités-dortoirs semblent le paradis. On va chercher l'eau au puits, comme aujourd'hui dans les quartiers africains. Sarcelles à ses débuts. Les familles des petits-bourgeois ont quitté Paris où les enfants n'avaient pas leur chambre. Chaque matin, les hommes filent au travail et les femmes filent la haine. On se demande où les Halles vont déménager. L'hypothèse la plus improbable : Rungis. Mon frère, Noël, se faisait de l'argent de poche en déchargeant des caisses aux Halles, selon l'expression consacrée à l'époque. Le Liberté part à la retraite, le France prendra bientôt sa place. En attendant, Pierre Desgraupes fait la traversée Paris-New York sur le Flandres. A la recherche du gros temps perdu.

Isabelle Le Goïc a 7 ans en 1966 : le même âge que l'émission. Si elle vit encore, elle a 48 ans. Vit-elle encore à Saint-Brieuc ? Dans sa classe, personne ne sait quel est le métier du général de Gaulle. Que fait M. Mitterrand ? « Il est contre M. de Gaulle. » Tout le monde sait qui est Belphégor. La plupart des enfants en ont rêvé. Les parents d'Isabelle sont instituteurs. Ils réfléchissent sur la télévision. Création, en 1961, du planning familial. Le problème de la régulation des naissances. C'est-à-dire celui de l'avortement. « Toute cette quincaillerie de malheur qu'on peut trouver dans les utérus... », commente un gynéco. Phrase justifiant, expliquant et célébrant à elle seule la légalisation de l'avortement, qui mit fin au martyre de nos mères.